Crédit:

Trois scènes de théâtre de nos fêtes de fin d'année

Parce que notre quotidien est souvent fait de scènes de théâtre, avec parfois même des objets qui parlent.

Pixabay
Une librairie, au temps du Covid-19.

La cliente hisse sa truffe masquée à hauteur du dernier rayonnage.

La libraire – « Vous cherchez le Gaudry ?

La cliente – hésitante – Le… ?

La libraire – On va déguster l’Italie, de François-Régis Gaudry, sur France Inter’.

La cliente – pince son masque pour chasser la buée de ses lunettes – Ah. Non, non, non. Je suis plutôt Jacky Durand, de France Cu’…Culture.

Hochements de tête de connivence.

La cliente – philosophe – Chacun son bénitier.

La libraire – acquiesce – Je ne l’ai plus, ce livre, de toutes façons. »


Une salle à manger, où se déroule un repas copieux et très long.

La cousine Bette – extatique – « Aaah oui, mais oui ! Ah, on en trouve plus des nappes comme ça. Elle tâte l’étoffe.

La cousine Paula – fière – Je ne te le fais pas dire. Ce sont de vrais jours d’Angles !

La cousine Bette, la tante Espérance, l’Oncle Saul – respectueux – Oooh…

Aventurine – exaspérée – Hhhh !

La mère d’Aventurine – lui fout un coup de pied sous la table et s’extasie sur la nappe – Ooooh…

L’oncle Saul – plaisant – C’est comme les figolu, on n’en trouve plus !

La tante Esperance – pouffe.

Les cousines – Ah oui, ah c’est vrai, c’est vrai !

Aventurine – hargneuse, à mi-voix – Pff… Bah si, ça s’appelle des makrouts !

La mère d’Aventurine – lui met deux coups de pieds sous la table.

La tante Espérance – Elle dit quelque chose, la petite.

La mère d’Aventurine, avec conviction – Non, je n’ai rien entendu.

La cousine Paula – C’est comme le shampoing Namanga à la fleur d’oranger, introuvable.

La tante Espérance – Et l’antésite !

Aventurine – agacée, trop fort – Et les crottes de chien blanchies sur les trottoirs…

Tous sont saisis.

La mère d’Aventurine – sourit de honte.

Un ange passe.

Le cousin Saul – réprime un rire – Ubi sunt, les neiges d’antan ?

Aventurine rougit et coule un regard de détresse à l’oncle Saul.

Un temps.

L’oncle Saul – Il reste du gâteau ? »

La conversation reprend.


Un salon, à l’ouverture des cadeaux. Babillages joyeux, échange de paquets.

Une voix – aparté -« J’espère que ce n’est pas fabriqué [ãnazi].

Le tapis en laine artisanale – horrifié – Haaaah !

L’huile essentielle de lavande – pédagogue et lasse – « En Asie », elle a dit, « en… Asie… »

La bougie en cire d’abeille – aparté – En plus, il est sourd.

Le comptable – admiratif devant son nouvel album photo cartonné, relié à la main- Quand même, c’est génial d’être doué de ses mains, pour les cadeaux…

Le médecin – admiratif devant cette chemise faite sur mesure – Ah, ça…

La journaliste – admirative devant son poste de radio en chocolat – Oh oui !

Le chocolatier, la couturière, la scrapbookeuse – airs tous fiers.

Julius, étudiant aux Beaux-Arts, spécialiste des dessins anatomiques gores et pornographiques – décille – Mais ouais, mais grave !

Les autres – airs circonspects devant leur paquet offert par Julius.

Le comptable, le père de Julius – aux autres,- Je vous préviens : le premier qui moufte en ouvrant son cadeau, je lui fais mettre dans son salon. »

Partagez

Auteur·e

melpwyckhuyse

Commentaires