Warda

Salim Hatubou – auteur comorien

Un auteur comorien, trop tôt disparu, dont la voix, de Marseille parcourait les rues…
La vie est faite de liens invisibles, si beaux… Mon ami photographe marseillais Jean-Pierre Vallorani m’a montré un travail photographique et poétique co-écrit avec Salim Hatubou. Encore sous le choc de sa disparition, il parle dans l’enregistrement que je vous propose, de leur amitié. Cet enregistrement est illustré par des chants de Bi Kidude, et des lectures de poèmes par un ami de Salim Hatubou, l’auteur malgache Jean-Luc Raharimanana, que j’ai rencontré à Tours, chez moi… Alors, Salim, je te lis mais ne te peux connaitre autrement que dans tes livres et dans le regard de tes deux amis, et je te dédie cette émission…

 

Bibliographie de Salim Hatubou
2004 – Recueil de contes ‘A Feu doux’ et ‘Contes et Légendes des Comores’
2006 – Roman – Hamouro
Comores – Zanzibar par Salim Hatubou et Jean-Pierre Vallorani


Mes « gueulardes » préférées

Parce qu’il n’y a pas qu’à l’opéra que les femmes donnent de la voix, voici quelques sauvages, de France et de Navarre, pour se réjouir les tympans. Grrrls to the front!

Allemagne – Nina Hagen – 1979
En vérité, je vous le dis, la seule et unique raison que j’ai jamais eu d’apprendre l’allemand.
Contorsions faciales incluses.


France – Les Rita Mitsuko – 80’s
Catherine Ringer, sublime voix du duo les Rita Mitsuko ; son binôme est Fred Chichin. Je vous recommande leurs clips complètement déjantés ; ça change des lovers dans le soleil couchant…


USA – L7 – 90’s
Riot Grrrls! Girls to the front! Voici les L7, illustres représentantes de ce qu’étaient les Riot Grrrls – punk féministe – dans les USA des années 90. Vous pouvez aussi allez donner de l’oreille aux Bikini Kill.


USA – Sallie Ford and the Sounds Outside – 2007-2013
Tiens, bouge ton boule avec ça le matin, à 6h.


BONUS
France – Brigitte Fontaine

Bon, elle, elle ne gueule pas vraiment, mais elle est tellement extraordinaire, que je la mets quand même.

Je suis fière d’être une femme, et je suis fière de ces femmes qui osent être elles mêmes, se moquent des codes, ne veulent pas être seulement jolies, mais aussi être de vraies artistes, trouver leur style, leur voix et reconnues comme telles.


Les White Fat Bottomed Girls (filles blanches à grosses fesses)

Source de mal-être chez de nombreuses jeunes filles européennes, qui croient devoir ressembler à des salsifis pour atteindre un certain idéal de beauté, mériter l’estime de leurs proches, susciter la concupiscence chez le sexe opposé, la proéminence postérieure mérite que l’on s’attarde sur elle.
Soyons honnête. En France, lorsque l’on cherche un jean à un prix abordable, et que la Nature a voulu vous donner une face B* avantageuse, on approche du calvaire. Trop large à la taille, et une taille en dessous, on se demande si les coutures ne vont pas craquer si l’on se laisse tomber lourdement sur un fauteuil en skaï Ikea, un soir de lassitude. Quant au slim, il faut assumer, sinon, l’impression d’être boudinée risque d’empeser la démarche et de crisper le sourire. Notons quand même la petite révolution qui se produisit le jour où les fabricants de maillots de bain eurent l’idée géniale de permettre aux clientes d’acheter séparément le haut et le bas de leur maillot ; ce qui permit à de nombreuses femmes de ne plus échanger sournoisement dans la cabine d’essayage le bas fourni avec la taille M, avec celui de la taille L. Un petit pas vers le fait de ne plus être considérée comme une anomalie génétique et commerciale…

face B* : rendons à César ce qui est à César : j’ai trouvé cette belle expression dans Black Bazar, de Alain Mabanckou, où l’on trouve d’ailleurs un éminent fessologue.


Pour éclairer cette réflexion de haut vol, il convient de convoquer une spécialiste en la matière : la très géniale chanteuse Anne Sylvestre, qui donne dans la chanson à texte, toujours pleine d’humour :

L’étude de cette oeuvre,  dont on notera la richesse du vocabulaire et la pertinence du propos, montre que se depourvoir de formes donne une allure maladive aux chétives, et rend leur rapport aux bancs implexe et douloureux. Pour abonder dans le sens de Anne Sylvestre, regardons à présent cette vidéo de danse traditionnelle tahitienne :

De toute évidence, la grâce et la beauté de la danse est liée à la grâce et à la beauté de la danseuse, et l’on voit ici que Moena Maiotui ne s’habille surement pas en taille 0. Pour convaincre les sceptiques, regardons à présent cette vidéo où des jeunes femmes très minces et à la face B modeste tentent de « shaking their ass », sans résultat convaincant :

D’ailleurs, sur ce blog Ligne de Frappe, dédié à la culture Hip Hop et capharnaüm littéraire, on peut lire en trois parties un éloge de PAWGs, les Phat Ass White Girls. Puisqu’on vous le dit : #pride! Allez, puisque c’est Queen qui le dit :

Come on, once again! 😉

#Vocabulaire

Et pour terminer, plein de mots pour désigner notre partie charnue : fesses, cul, boule, oignon, arrière-train, noix, brioches, pétard, popotin, lune, derche, fessier, fessard, face B, croupe, miches, panier


[MONDOBLOG] à Antananarivo

Je suis la blogueuse sonore qui – parait-il – ne parle pas beaucoup, beaucoup… Comme d’autres font ça très bien, je préfère garder mes forces pour écrire ici, et partager sons et photos… 😉

Alors, déjà est-il bon de rappeler quel bon vent m’amène à Antananarivo – je dis « je », notez cette nouveauté qui, lorsque l’on est pétrie de « Le moi est haïssable » est une petite victoire – car j’ai la chance d’avoir été invitée par Mondoblog pour participer à une formation. C’est aussi l’occasion de rencontrer les blogueurs et de découvrir le sommet de la Francophonie. Si vous sechez un peu sur ce qu’est la Francophonie, vous pouvez lire l’article de Clara Delcroix, mondoblogueuse lycéenne de 17 ans : La francophonie, vous dites? C’est quoi?

Mais qui dit voyage, dit « voyage »… Le train partait à 6 heures. Vous conviendrez que dans un cas comme celui-là, mieux vaut ne pas se coucher. Le train SNCF avait du retard. Alors, j’arrête tout de suite les mauvaises langues qui diront « comme d’habitude ».  Allons, allons, ce n’est pas toujours vrai ; et le prix exorbitant des billets ne me donne plus trop l’occasion de mesurer ce phénomène. Je pratique donc la présomption d’innocence. Lecteur potentiel, voici pour toi en exclusivité mondiale un extrait sonore de ce voyage qui a débuté à 6h30 heure française pour s’achever sur le coin de l’oreiller, à plat ventre, toute habillée à 5h50, heure malgache.

A l’aéroport, je m’endors non loin d’un autre blogueur malien, Georges Attino, qui apprend le tamasheq, et dont le blog s’appelle Au Grin , « il se dit beaucoup de chose autour d’un verre de thé ». Je découvre à cette occasion que le grin est le lieu où on boit le thé, et où l’on discute. Je pense rêveusement au Green Bar de Lussas… Ma camarade de chambre est Sonia Guiza de Côte d’Ivoire, passionnée de cinéma, et qui entend bien promouvoir le cinéma ivoirien sur son blog Lagozi.

La vraie vie dans les livres…

Pour ne pas arriver complètement ignare à Madagascar, j’ai fait la seule chose que je sais faire : lire des livres et faire du son.  J’ai donc lu Jean-Luc Raharimanana et Johary Ravaloson (non, normalement, on ne dit pas « joari » mais plutôt « dzohar », je crois, mais personne n’est parfait…). Dans l’avion, j’ai lu Lucarne, de Jean-Luc Raharimanana, un recueil de nouvelles sombres, qui donnent à voir l’envers du décor de Madagascar ; la violence, le sang, et la nuit sous la pluie.
J’ai enregistré ces deux auteurs à Tours, Jean-Luc Raharimanana à l’occasion du Festival Plumes d’Afrique, et Johary Ravaloson à l’occasion d’une rencontre littéraire dans un café, proposée par l’association Touraine Madagascar, et animée par Jean-Luc Raharimanana. Avec ces deux enregistrements, je veux tisser une série d’émissions, autour de la littérature malgache, et plus largement, donner à voir Madagascar.
Voici donc le premier épisode de mon acclimatation littéraire :

Le séjour se poursuit, je rencontre Lucrèce, béninoise vivant au Sénégal, qui comme elle l’écrit sur son blog Lucrèce online, est une « technophile à temps partiel ». Et comme c’est la saison des orages et des litchis, nous ne coupons pas à la promenade annulée pour cause de déluge. Extrait :


Pour vos beaux yeux
Comme je ne boude pas le plaisir de faire quelques photos, et que je devine chez mon public potentiel une appétence pour le support visuel, voici donc un album photo que je garnirai au fur et à mesure.

Mondoblog à Tana
I
l n’aura pas échappé à votre oeil de lynx que ces photos sont carrées, et non retouchées. J’ai longtemps fait des formats paysage noir&blanc, puis ayant eu l’occasion de rencontrer le photographe marseillais Jean-Luc Vallorani, qui fait des formats carrés argentiques, j’ai testé, et adopté ce format. Curieusement, je trouve que ça « concentre l’action » visuellement, comme dans une nouvelle par rapport à un roman…


Dans le bus
Les trajets en bus sont une occasion de parler de nos blogs respectifs. Je découvre ainsi Choups raconte, par une malgache vivant à Paris. Et le blog de la malienne Fatouma Harber, qui donne des formations informatique et internet aux enfants, et milite pour l’accès au savoir.
Et lorsque le bus est pourvu d’un guide et de blogueurs curieux, ça donne ça :

Et pour poursuivre sur le thème des transports malgaches, voici un article très drôle par le blogueur malgache, Randriamialy sur son blog Lay Corbeille : La logique dans les noms de véhicules à Madagascar.


#JeSuisImmodium
Si ça se trouve, c’est à cause des litchis. Si ça se trouve, c’est à cause de la pluie. Si ça se trouve, c’est d’avoir bu l’eau du robinet. Si ça se trouve, c’est les courants d’air. Si ça se trouve, c’est la malarone. Si ça se trouve, les crevettes étaient pas bonnes. Si ça se trouve, c’est la viande de zébu. Si ça se trouve, j’ai le palu. Si ça se trouve, je vais me transformer en zébu et me faire voler par des Chinois qui me transformeront en brochettes…

medocs


« Dansez, dansez, sinon nous sommes perdus. »

Ainsi parlait Pina Bausch. Comment parler de la danse à la radio? J’ai donné la parole à trois chorégraphes dans mon émission Le Dahu, et je vous propose de les écouter parler d’une langue qu’ils réinventent constamment.

Au CCNT – Centre Chorégraphique National de Tours – Catherine Gaudet, artiste en résidence, et Thomas Lebrun, directeur du lieu.

Nadia Chevalerias : Responsable de la communication et de la coordination des accueils studio au CCNT,
Catherine Gaudet : chorégraphe de Montréal en résidence au CCNT, Heure Curieuse : présentation d’une étape de travail de sa prochaine création « ça viendra » : le public est invité gratuitement à voir, à s’étonner et à échanger avec l’artiste.
et Thomas Lebrun : Directeur du CCNT, présentation des liens entre le CCNT et Montréal, et de sa future création (novembre 2016) Les Rois de la piste.

 

Tal Beit Halachmi, compagnie Talita Koumi, Tours

itinéraire d’une danseuse d’Israël jusqu’à Tours… Création Progénitures d’après Guyotat…

Festival Ecoute Voir 2016

Francis Plisson, directeur du festival, et Radio Grenouille de Marseille, avaient demandé pour cette édition de participer à une émission en direct dans le cadre du festival, avec et en présence des artistes invités, et dont on a pu voir ou revoir le travail.

« En direct sur Radio Campus Tours, depuis le Volapük – salle de spectacle tourangelle, eh oui, c’est involontaire, mais mon blog à le même nom! – Alain Werner et MPW reçoivent les artistes et organisateurs du festival pour revenir sur les temps forts de cette 6ème édition. A la technique, Solenne Berger et Stéphane B. »
Extraits musicaux parcourant nos propos: Sébastien Rouiller – bande-son du spectacle Western – extrait de New Age, de Marianne Baillot, premier intermède chanté par Charlotte Plasse, composition pour voix a capella de Pierre-Yves Macet – extrait de Jass, performance captée à la Librairie Le Livre par Cyril Solnais – extrait voix et souffle, de Pourquoi Moi? d’Emmanuelle Raynaut – extrait de l’interview de Zimoun, à l’ESBA TALM, par MPW et Alain Werner, traduction Matthieu Roger – extrait Helène Rocheteau – La Nuit Manquante


ALPHA – Nouvelle prix Rock Attitude 2016

ALPHA est la nouvelle pour laquelle j’ai reçu le prix annuel Rock Attitude, décerné par la plus ancienne radio associative de Tours, Radio Béton. Le thème du concours était « Savants fous et fous savants ». Bonne lecture !

Bureau obscur et très secret, dans un lieu insoupçonné du commun des mortels. Il y a plusieurs écrans immenses ; des post-it sur toutes les surfaces qui s’y prêtent, couverts d’annotations incompréhensibles, dans une écriture porcine. S’échappant d’un Ipod sur enceinte, son léger et compressé : La Belle Hélène d’Offenbach. Le Colonel lape son café deux ou trois fois, en aspire la mousse d’un mouvement de lèvres sonore, puis d’un air satisfait, se tourne vers Maxwell :

− Aucune chance.

− Je vous trouve bien catégorique !

La tasse vient de se poser sur le bureau. Maxwell, que ces succions caféières dégouttent, avait détourné le regard. Au bruit de porcelaine sur le plateau de verre, il tourne à nouveau son fauteuil vers le Colonel, d’un mouvement de pied lent et calculé. Le Colonel renifle d’un air sûr de lui, et poursuit :

− Vous pouvez élever le potentiel autant que vous voudrez, avec les tares Alpha et S4, aucune chance d’émergence du clone.

− Il y a de nombreux contre-exemples, avec S4 !

Le combat de coqs est engagé. Resté debout, le Colonel toise Maxwell, qui semble engoncé dans son fauteuil de bureau en cuir. Assis, Maxwell toise le Colonel, qui semble engoncé dans son uniforme. Plissant légèrement les yeux, tandis que Maxwell remonte ses lunettes d’un index décidé, le Colonel poursuit :

− Bien sûr… Trouvez-moi ne serait-ce qu’un exemple pertinent de sujet qui, cumulant Alpha et S4…

− Je suis sûr que c’est possible.

− … sans aucun auxiliaire Bêta, a émergé…

− C’est toujours possible !

− …grâce à son unique potentiel, de façon totale et durable.

− Faisons l’expérience !

Tous deux dissimulent tant bien que mal le plaisir et l’amusement que cette perspective leur laisse espérer. Maxwell replace soigneusement sa mèche de cheveux roux. Le Colonel voit à juste titre un affront à son crâne dégarni dans ce geste apparemment anodin. Il émet un claquement de langue, auquel répond un grincement de fauteuil.

− Vous aimez perdre à ce point ? Pourquoi pas, ça peut être amusant. Je gagne, vous arrêtez de m’emmerder avec l’arrosage de mon terrain de golf avec la réserve d’eau potable. Vous gagnez : vous aurez cette satisfaction au moins une fois dans votre vie.

− Vous êtes trop bon, Colonel.

− Je vous laisse chercher les hôtes idéals, mon cher Maxwell.

Du bout des pieds, Maxwell se fait rouler jusqu’à l’écran le plus proche :

− La base de données recense toutes les demandes d’insémination artificielle à l’échelle de l’Union Européenne ; on peut trier directement tous les S4. Et on se charge de leur fourguer un embryon Alpha HP.

Le Colonel, prenant appui sur sa canne, se dandine jusqu’à l’écran, et s’arrête à coté du fauteuil auquel il s’accoude :

− Prenons plutôt un S4/2 ou S4/1 ; avec un S4/4, ce n’est pas amusant.

− Bon, on part donc sur un S4 léger à moyen, et on évacue les S4 lourds. Un pays de prédilection ?

− On va prendre le plus banal : France, ville de taille moyenne.

− J’ai un profil correspondant à Tours, au centre du pays.

− Vous avez le profil des deux hôtes potentiels ?

  • Oui

Avec la mine réjouie de deux adolescentes faisant les soldes en ligne, Maxwell et le Colonel consultent les fiches transmises par les informateurs.

CODE . La Gloire de mon père. Hôte Bêta.S4-2

Taille moyenne, corpulence moyenne. Yeux gris, cheveux châtain foncé. Forte myopie. Enfant non désiré, il a failli être vendu à sa naissance à un riche couple de commerçants juifs stérile, qui louaient un fond de commerce à ses parents. A passé toute son enfance en pension chez des religieuses. Ancien de l’Armée de Terre. Plusieurs années au Tchad. Orthographe et culture générale indigentes, recalé quatre fois au baccalauréat. S’est engagé à l’issue de son service militaire ; puis a quitté l’armée suite au décès de son grand-père maternel, l’héritage lui a permis de monter un bureau d’études, dont la compétence est difficile à déterminer. Il s’en sert vraisemblablement pour détourner de l’argent. A fait plusieurs fois le coup de l’insolvabilité. Militant d’un parti d’extrême droite et directeur d’une chasse de parvenus. Misogyne, coureur de jupons et raciste. Haine particulière pour les Maghrébins et les personnes à la peau noire. Fort mépris pour la classe ouvrière -se considère comme appartenant à la classe des patrons – et les « intellectuels ». Nombreuses arrestations pour conduite en état d’ivresse, et excès de vitesse. Son amitié avec le préfet lui permet jusqu’à présent d’échapper à toute condamnation. Dépourvu de conscience morale, d’empathie. Humour exclusivement ordurier, raciste, à connotation sexuelle. Pas de second degré, inaptitude au raisonnement par l’absurde, difficultés à l’abstraction. Prend plaisir à humilier et maltraiter plus faible que lui. Obséquieux avec toute personne qu’il identifie comme un supérieur hiérarchique. Aime excessivement l’ordre et l’hygiène. Se croit au-dessus de toute loi, règle, ou règlement. Aime l’argent qu’il considère comme le pouvoir absolu et un but en soi. Aime le tape-à-l’oeil, phases d’humeur haute où il dépense des sommes colossales pour des objets qu’il abandonne par la suite. Considère les femmes comme des objets au service des désirs et des besoins masculins. A engrossé plusieurs de ses maîtresses, dont la secrétaire du bureau d’études, la charcutière du quartier, la femme d’un de ses employés. Ont toutes avorté en découvrant qu’aucune reconnaissance de paternité ne serait possible, ni vie de couple. Une pourtant, plus tenace que les autres, a déjà mis au monde un fils non reconnu ; c’est elle qui fait la demande d’insémination.

CODE . Le Château de ma mère Hôte Alpha.Tare Alpha.S4-2.

Taille moyenne, surpoids moyen, yeux marron, cheveux châtain foncé. Légère myopie. Femme ayant une quasi anovulation, a eu recours au service de procréation assistée pour sa première grossesse. Elle était volontaire pour prendre un traitement novateur dopant la fertilité. Convaincue qu’un deuxième enfant ferait naître chez le père du premier un sentiment de paternité, prête à tout pour avoir ce deuxième enfant, y compris l’insémination artificielle, y compris mentir sur le fait que le père n’a vu son fils que deux fois depuis sa naissance, y compris demander une mutation du Sud de la France où elle a son réseau familial pour « rapprochement familial ». Secrétaire dans un service public. Vie sociale pauvre, peu d’intérêt pour la vie culturelle et les sorties, bien qu’elle se plaise à se dire « littéraire », qu’elle a étudié le Latin pendant sept ans, ainsi que le Russe. Orthographe, grammaire et syntaxe excellentes. Un certain humour. Trouve l’abstraction ennuyeuse et pédante. Souhaite exclusivement un deuxième garçon. Comportement puéril, humeur changeante, capricieuse. Rêve de grandeur (Scarlett O’Hara), survalorise la beauté féminine. Futile et superficielle. Minaude beaucoup, aime les tenues voyantes et les accessoires. Extrêmement narcissique, bien que d’un physique quelconque. Se complaît dans des rôles de victime innocente, se plaint à tout propos. Thème familial : se définit comme un enfant non désiré – « ils me voulaient pas » – qui a toujours manqué d’amour, à laquelle sa mère a toujours préféré son frère cadet. Thème scolaire : était la plus jeune de sa classe à l’école et mise à l’écart. Thème social : rejetée par tous en tant que fille-mère. Toutes ces rêveries mélancoliques sont très théâtralisées, très excessives, voire fausses. Adepte des plans sur la comète et d’une secte. Est son principal centre d’intérêt et sujet de conversation. Mesquine et jalouse. Volontiers médisante et de mauvaise foi. Naïve, impressionnable et crédule ; s’est fait arnaquer à plusieurs reprises. Versant dépressif, revendique beaucoup, mais cède facilement. Forte inertie, agressivité passive. Le Colonel ronronne intérieurement. Maxwell oscille de droite à gauche dans son fauteuil.

− Bon, je crois qu’on tient le haut du panier. Pas besoin de chercher plus loin. Vous me faites un embryon tare Alpha – HP. Pour le labo, c’est XX – 140. Précisez-leur, la dernière fois ces abrutis ont interprété « tare Alpha » par XXX. Quant à HP, ils vont nous pondre un schizo, ou se demander si l’imprimante est en panne… Alors qu’ils clonent des neurones à longueur de journée… Quelle bande de branques !

Et pour lire la suite, demandez-moi! 😉


« J’aime le chant des oiseaux » – œuvres antimilitaristes

Avec un mauvais jeu de mots, disons que les œuvres antimilitaristes sont légions, tant les désœuvrés de notre espèce croient devoir multiplier les guerres et autres conflits armés pour savoir qui sera le plus riche. En voici quelques-unes. Danse, BD, cinéma, musique. N’hésitez pas à m’en faire découvrir d’autres en commentaire.

La Table verte – ballet expressionniste – Kurt Jooss – Allemagne – 1932
Inspiré d’une danse macabre médiévale et des horreurs de la Première Guerre Mondiale – qui, comme on le sait, n’ont pas servi de leçon – ce ballet en huit tableaux a reçu le Prix des Archives de la Danse en 1932. Un an avant qu’Hitler devienne chancelier. Sur scène, des diplomates qui négocient la paix mais n’arrivent qu’à la guerre, des soldats, des profiteurs, des sacrifiés. Lorsqu’en 1933 les nazis lui demandent de se séparer de tous ses collaborateurs juifs, il refuse et doit quitter l’Allemagne, et ne reviendra qu’après la guerre. Donc, un artiste peut donner à voir les catastrophes à venir, et ne pas se dégonfler au moment où elles surviennent.
Voici La Table verte par le Joffrey Ballet of Chicago :


Das Kämpf  – Vaughn Bodé – Etats-Unis – 1963
Edition bilingue français-anglais 2013 – Les éditions Aux Forges de Vulcain

11951569_10153573883893431_6808167179065417402_oVoici 100 cartoons réjouissants, en noir et blanc, auto-publiés en 1963 par un jeune type de 21 ans, pour donner sa vision de la guerre. Chaque vignette est accompagnée d’une légende « La guerre c’est… » décrivant une situation absurde, cruelle, drôle où sont mis en scène des soldats allemands, soviétiques, américains. Des silhouettes plutôt rondes, qui contrastent avec la gravité du propos.

« La guerre c’est te mettre à rire sans pouvoir t’arrêter quand tu comprends enfin pourquoi tu te bats. »

« La guerre, c’est regarder passer les fourmis, et parfois en écraser une. »

« La guerre, c’est marcher nuit et jour… Mais pas dans la bonne direction… »


 

Boris Vian – France
Bien connu pour ses écrits, notamment L’Écume des jours, Boris Vian avait une activité musicale assez intéressante aussi. Voilà donc trois chansons, qui en diront plus long qu’un long discours.

Les Joyeux Bouchers

La Java des bombes atomiques

Le Déserteur


Les Chinois à Paris – comédie – Jean Yann – France – 1974
Voilà ce qui arrive à un pays en guerre : démission et nullité des élites qui pensent d’abord à sauver leur peau, délation, marché noir et habiles profiteurs, collaboration, pillage économique, violences faites aux femmes, vrais résistants et ceux qui savent retourner leur veste au bon moment. Ça ressemble beaucoup à la France de Pétain, mais il est bien probable que ça ressemble aussi à d’autres « zones de conflit ». Film drôle, absurdité réjouissante, pour nous montrer de quoi nous sommes capables. Il n’y a pas de sang, mais il y a « tout le reste ».


Grands classiques : Renaud et Maxime Leforestier

Renaud – Le Déserteur
Vous aurez noté la parenté avec Boris Vian.

Maxime Le Forestier – Parachutiste


 


Le Festival d’Avignon

Radio Campus au Festival d’Avignon

Cette année encore, j’ai eu la chance d’aller au Festival d’Avignon. Cette année, le festival fêtait ses 70 ans, et pour la première fois je n’y allais pas pour distribuer des tracts pour un spectacle du OFF, à des passants plus ou moins agréables, et lassés d’avoir été déjà vingt fois sollicités. Non. J’y allais pour faire mon métier : des reportages radiophoniques! 🙂

C’est grâce à la constitution d’une rédaction inter-Radios Campus que cela a été possible! Nous venions de Paris, de Lyon, de Montpellier, d’Avignon, de Tours, de Marseille… Vive les radios associatives libres et indépendantes! En cliquant ici, vous pourrez réécouter les émissions en direct de cette belle aventure!

Avignon 2016 - équipe Radios Campus!Regardez comme nous sommes jolis et contents!

Trois reportages sonores

Ce premier reportage est une promenade dans Avignon. On y entend une compagnie du OFF présenter son spectacle, Camille Vallat, costumière qui a réalisé les costumes de Ceux qui errent ne se trompent [IN] pas de Maëlle Poesy. On y entend aussi des extraits de Tristesses [IN] de Vandalem : très bon spectacle. Théâtre, musique live, vidéo, chant, chorégraphie : un art total anticipatoire, qui met en garde contre les malversations d un parti extrémiste, prêt à sacrifier des vies humaines pour le pouvoir, auquel on obéit par peur ou par appât du gain, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Détournement des symboles, utilisation des victimes sacrifiées, rendus possible par nos petites lâchetés quotidiennes… On vous aura prévenus…
Puis la parole est donnée à Margaux, militante au CEMEA, une association d’éducation populaire qui permet à des jeunes de découvrir le festival d’Avignon. Et puis, un monsieur qui présente son spectacle, un monologue, présenté dans le OFF, et enfin, un journaliste de La Marseillaise du Vaucluse, qui explique pourquoi le festival ne le rend pas très enthousiaste…



Et puis, comme un spectacle c’est ce que l’on voit sur scène, mais aussi tout ce qui se passe dans les coulisses, j’ai eu envie de rencontrer plusieurs membres d’une même équipe artistique, pour comprendre une démarche artistique, et comment ce que nous voyons sur scène est le fruit de mois de travail en équipe. Ainsi j’ai d’abord rencontré – avec Marion Pastor, comédienne – Bérangère Vantusso, metteur en scène de l’Institut Benjamenta; et Déborah Boucher, qui a réalisé les perruques des marionnettes du spectacle. Puis je suis allée rencontrer le comédien Guillaume Gilliet et Arnaud Paquotte, créateur sonore. Ces quatre interviews montrent l’importance qu’a chaque professionnel dans un projet artistique, comment leurs talents et compétences se complètent. Et derrière le métier, il y a aussi un parcours personnel, un regard sur notre réel, une histoire commune, qui s’écrit au fil des créations ensemble.



Enfin, à quelques encablures de bus du bouillonnement d’Avignon-centre, je me suis rendue à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon pour rencontrer Tristan Plot, éducateur d’oiseaux. Il travaille avec Marie Vialle et Pascal Quignard sur le spectacle La Rive dans le noir, où l’on peut voir une corneille et une chouette effraie. Bienvenue dans l’univers des oiseaux de scène !



13668907_10154317335563431_4080244723962502384_o
Et il faut bien le dire, le festival d’Avignon, ce sont aussi les bistrotiers qui vous chassent de leur terrasse parce que vous avez fini votre sirop, et qu’une famille de quatre personnes voudrait s’asseoir. Ils entendent déjà les pièces tomber dans l’escarcelle du bar d’en face.
Le bistrotier – secoue les chaises et la table à coté de la mienne, en soupirant ostensiblement, ton sec – Bon, vous prendrez autre chose?
Moi – dans un sourire – Vous voulez que je parte, c’est ça?
Le bistrotier – ton presque agressif – Ben si vous ne prenez qu’un sirop, oui.
Pauvres gens, il faut les comprendre. Le festival, c’est le gros de leur chiffre d’affaire. Deux pintes et deux coca, c’est plus rentable qu’une « connasse » entrain de derusher ses enregistrements devant un Pac à l’eau.  Et puis la dame s’était déjà assise en me toisant, et en posant ses achats des soldes sur mes pieds. Peut-être, après tout, que cette terrasse tout à l’entrée de la rue des Teinturiers était un repaire de gens délicieux. J’aurais du me renseigner.

13667856_10154291804923431_3020324188711818212_o« Toi qui entre ici, abandonne toute espérance » – Dante Alighieri, Inferno

Je n’aime pas couper la parole aux gens qui m’accordent du temps. Si je viens les interviewer, c’est parce qu’ils savent, et moi non. Je ne crains pas de passer pour une andouille, et de poser des questions qui peuvent paraître simplistes, voire sottes, plutôt que de faire des réflexions sophistiquées et pédantes. Je suis plus médiatrice culturelle que critique d’art. Ce qui m’intéresse, c’est que les gens se regardent, et se parlent, s’écoutent, et pas de prouver que j’appartiens à une élite intellectuelle autoproclamée. C’est une position qu’il faut tenir en serrant parfois un peu les dents, face à des snobs, qui confondent le drapeau belge et le drapeau allemand, se racontent leurs dîners avec tel metteur en scène pour vous exclure avec mépris de leur conversation, étalent leur vie privée, et sont si imbus de leur personne et amoureux d’eux-mêmes, qu’ils prennent pour des avances un sourire aimable, ou les questions que – feignant l’intérêt par politesse – vous leur posez. Il est tentant et aisé de répondre à leurs provocations mais pourquoi ajouter du vain à la vanité?


Identité : française?

Quand j’avais trois ans, à l’école, ma meilleure copine avait des centaines de petites nattes, et je la trouvais si gentille et si jolie, que moi aussi, j’aurais aimé avoir la peau noire!

20160326_141632Cet enthousiasme déplaisait à mon père, mais je ne savais pas trop pourquoi.
J’ai un nom flamand, et un prénom qui veut dire à peu près « abeille », en grec ancien. En moderne aussi, peut-être. Je n’avais jamais trop fait attention à tout cela, jusqu’à ce que j’arrive au lycée. Ce n’était pas n’importe quel lycée! Un lycée avec beaucoup d’enfants de familles riches, catholiques pratiquantes, et « bien français ». Tous ces détails ont leur importance, je vous assure.


« Quand même, tu es moins française que moi »


Un jour, un garçon m’a dit « Quand même, tu es moins française que moi ». Je ne comprenais pas bien. Mais il était bien élevé, bien habillé, et je me disais que ça devait être une plaisanterie raffinée que ma basse extraction ne me permettait pas de comprendre. Et puis, quand j’ai enfin compris, j’en ai eu le souffle coupé. Alors, quoi? On pouvait être plus ou moins français? C’était la première fois que je comprenais que pour certains, il existait une différence entre moi et Marie-Andrée de T. même si nous avions la même carte d’identité, étions possiblement née dans le même hôpital, et finirions pareillement en poussière. Ça m’a laissée perplexe quelques temps. Puis, un matin, sur le chemin du lycée, je croise un camarade de classe. Tandis que nous passons devant le temple protestant (où je croyais devoir aller seulement en cachette), le voilà qui s’exclame « Ah, il faudrait mettre une bombe là-dessous! » Les derniers mètres qui nous séparaient du lycée m’ont semblé insupportablement longs.

J’ai vu un jour un ami d’origine algérienne insister pour que nous quittions vite les bords de Loire. La nuit tombait. Il avait peur. Quand nous sommes passés près d’un groupe de jeunes gens désœuvrés, à l’allure étrange, ils nous ont insultés et craché dessus. C’était des skinheads.


20160326_141322

« ça n’est pas un nom français, ça! »


Quelques années plus tard, ayant perdu mon travail, et plus fauchée que les blés, je bénéficiais de la CMU (Couverture Maladie Universelle). Je vais pour me faire faire de nouvelles lunettes, avec des sous mis soigneusement de coté. Quitte à les avoir toute la journée sur le nez, autant en avoir des belles! Je choisis donc une monture qui me plait (pas la moins chère) et qui ne m’enlaidit pas trop. L’employé me prie de le suivre au comptoir pour enregistrer mon achat. Il voit que j’ai droit à la CMU, et dans le magasin bondé, commence à me faire remarquer que, quand même, je devrais peut-être choisir un modèle moins cher, compte tenu de mes revenus… Puis là, il voit mon nom. Il me le fait répéter et épeler trois fois, en disant bien fort que « ça n’est pas un nom français, ça! » Puis il insiste à nouveau très fort et très lourdement sur le fait que, quand on a la CMU, hein, il faut peut-être réfléchir à deux fois, avant de choisir une monture à… Excédée je lui réponds que je suis « française », et que je n’ai pas l’habitude d’acheter quand je n’ai pas l’argent pour, que je veux ces lunettes-là et pas d’autres. Dans la boutique, personne ne moufte.


20160325_115608

 Quelqu’un qui aime les autres n’est pas « français »?


En juin 2015, j’ai l’honneur d’aller à Rabat, au Centre Jacques Berque pour une formation d’anthropologie visuelle. Parmi les participants, hormis une professeur d’université, je suis la seule « française ». Au début, quelques plaisanteries innocentes, allusions plus ou moins volontaire à la colonisation… Moi, je reçois tout ça comme des gifles. Certes, je peux comprendre la colère et la méfiance des Tunisiens, Algériens, Marocains que j’ai devant moi. Je sais bien, pourquoi ils réagissent comme ça. Mais moi, je suis ici pour apprendre, et parce que mon grand-père est passé par Fès, Meknès… Je ne viens rien prendre, je ne me considère pas au dessus de qui que ce soit. Je suis en colère, et je pleure. Plus de blagues, après ça, mais des amis que j’aurai toujours grand plaisir à revoir.

Un jour, un ami africain, surpris de me voir écouter des chants peuls, lire des poètes malgaches et comoriens, faire une émission sur la littérature haïtienne, et aimer autant le Sahara me demande comment je fais pour m’intéresser autant aux autres, comment je peux être si peu « française ». Son étonnement me touche, et me fait aussi beaucoup de peine. Comment se peut-il, que quelqu’un de si peu exceptionnel que moi, lui semble avoir une attitude extraordinaire? Par quels tristes moments est-il passé, pour dire que quelqu’un qui aime les autres n’est pas « français »?

Je n’ai pas de réponse à cette question, ni à celle de savoir vraiment si je suis « française » ou pas, tant ce mot renvoie à des moments que j’aurais préférés ne pas vivre.


A celui qui se débine – poésie fine

Petite traversée de la culture française par un poème à un soupirant peureux…

A CELUI QUI SE DÉBINE

J’avais d’abord pensé vous envoyer des roses,
Mais monsieur le curé a défendu la chose.
J’avais d’abord pensé vous envoyer bouler,
Mais qu’il n’y parait, vous étiez moins grossier.
J’avais d’abord pensé goûter un peu d’absinthe,
Mais l’ivresse vous donnait quelques craintes.
J’avais d’abord pensé citer Verlaine,
Mais vous ne ménagiez pas votre peine.
J’avais d’abord pensé qu’un soir
Mais vous philosophiez trop dans le boudoir.
J’avais enfin pensé, pour conclure
Mais lâche, vous talonniez déjà votre monture.
Je pense enfin que vous ne devriez pas souhaiter
Ce que vous craigniez de voir arriver.